dimanche 19 avril 2020

Mesurer l'anti-fragilité des entreprises


Comment valoriser une entreprise ?

Différentes méthodes sont enseignées pour effectuer :  l'approche patrimoniale, les flux de trésorerie disponible, la méthode par les performances (un multiple du résultat ou du chiffre d'affaires), ...
Ces critères sont ensuite ajustés pour tenir compte des particularités de chaque entreprise.

Dans le contexte d'une société de services, les méthodes de l'approche patrimoniale et des flux de trésorerie disponibles ne sont en général, pas utilisées.
Dans la pratique, la plupart du temps, l'évaluation tourne autour de la méthode des performances, avec un multiples du résultat d'exploitation.

Mais, à ce jour, je n'ai encore pas vu de solutions mesurant l'anti-fragilité des entreprises.

L'anti-fragilité ou bien encore la résilience, c'est la capacité de résister à des situations comme celles que nous connaissons, et surtout que nous allons connaitre lorsque le confinement sera passé et le recours au chômage technique épuisé.

Il est important de bien mesurer séparément la rentabilité ET l'anti-fragilité (la résilience)
L'anti-fragilité est souvent, mais pas systématiquement, un facteur conduisant à un recul de la rentabilité.
De même une anti-fragilité sans rentabilité ne sert à rien, en tout cas selon moi.

Une entreprise optimisée est celle qui aura su concilier rentabilité et résilience.

Par principe, une entreprise réalisant un très grand chiffre d'affaires est bien plus en situation de mettre en place des mesures d'anti-fragilité. Ce n'est que dans les grands groupes qu'existe le rôle de RSSI (Responsable de la Sécurité des Systèmes d'Information).
De plus, un grand groupe a davantage de facilité pour intervenir auprès des pouvoirs publics afin de demander des fonds permettant d'assurer sa servie.

Entendons-nous bien, je ne dis pas que la résilience n'est pas un sujet abordé dans les entreprises.
Je dis que, jusqu'à présent, elle n'est pas prise en compte pour valoriser une société, au moment de la transmission.

Et je crois franchement que l'analyse de cette résilience pour évaluer le prix d'acquisition est un facteur dont l'importance est amenée à croître.

Que peut-on regarder ?
  • Les actifs ("assets") de l'entreprise : de quels types d'actifs s'agit-il ? Comment sont-ils répartis ?
    S'agissant des actifs financiers, sont-ils concentrés dans une seule banque ? Dans une seule monnaie ? Une seule zone monétaire ?
  • Les finances : y-a-t-il un recours fort aux emprunts ? Un levier financier important, notamment par le biais des opérations de LBO ?
  • La capacité de l'entreprise à couper dans ses dépenses en cas de problèmes : le bail pour les locaux de l'entreprise offre-t-il des flexibilités par rapport au classique 3-6-9 ? Y a-t-il des moyens de retrouver des marges de manoeuvre financière ou bien est-on déjà fortement optimisé ?
  • Le chiffre d'affaire : quelle part du business est récurrente et/ou automatique ?
  • Les clients de l'entreprise : y a-t-il un client qui représenterait à lui seul plus de 10% du chiffre d'affaires de l'entreprise ? Quelles sont les concentrations sectorielles et géographiques des clients ? Le client peut-il se passer facilement de notre produit/service ? 
  • Les fournisseurs : de la même façon que pour les clients, y a-t-il un fournisseur représentant plus de 10-20% de chiffres d'affaires ? Quelle est globalement la nature des relations avec les fournisseurs ?
  • Les salariés : est-il possible d'évaluer le niveau de motivation des salariés et leur implication dans la société ? 
  • Les actionnaires : l'entreprise est-elle à risque du fait de sa structure actionnariale ? Y a-t-il des éléments qui risquent d'avoir un impact négatif, en cas de changement d'actionnaire. 
  • Le changement d'actionnariat : si l'on parle d'un rachat, d'une transmission d'entreprise, quels sont les risques que fait peser l'éventuel départ du dirigeant ou son éventuelle diminution d'implication dans le succès de la société. 


J'ai envie de dire que plus l'entreprise est petite et plus sa résilience devra être importante.
Sachant que sur une grosse entreprise, un manque de résilience couplé à un manque d'agilité / de flexibilité, peut également s'avérer fatal.

Si vous souhaitez ou investir dans une entreprise, posez-vous des questions sur son anti-fragilité.
Et si le prix demandé n'est pas à la hauteur des risques que vous détectez, n'hésitez pas à passer la main : il y aura (plein) d'autres opportunités.









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